« La cuisine est multi-sensorielle.
Elle s’adresse à l’oeil, à la bouche, au nez, à l’oreille et à l’esprit.
Aucun art ne possède cette complexité »
(Pierre Gagnaire).

Cuisiner,
un plaisir à faire
et à créer

Des cours à déguster

En observant cuisiner mes élèves, je m’aperçois chaque jour, à quel point le fait de cuisiner est complexe. Connaître les termes et les ustensiles, savoir les utiliser à bon escient. Lire, comprendre, concevoir, planifier, puis réaliser une recette représentent une multitude de contraintes et de défis. Etre à même de comprendre, de réaliser un plat et pouvoir, dans une certaine mesure, l’interpréter, lui apporter une touche d’inventivité mettent l’élève dans un processus créatif, une position où il doit trouver des solutions, faire preuve d’ingéniosité et de créativité.

La récompense est immédiate. Ce qu’ils réalisent, ils le mangent. De ce point de vue, on peut dire que cet enseignement nourrit autant l’estomac que la tête et que le fruit de leur travail est soumis, immédiatement, à la double critique de leur palais et de celui des copains et copines qui attendent sagement la fin de mes cours pour pouvoir, eux aussi, manger et parfois déguster ce que leurs amis•es ont réalisé. Il est très rare que les préparations culinaires atteignent la maison et si les parents ont parfois la chance de goûter au travail de leur enfant, c’est bel et bien que celui-ci n’était pas du goût des élèves.

On ne forme pas des futurs cuisiniers, mais des futurs citoyennes et citoyens
Le produit final n’est pas l’objet recherché. C’est le chemin qui mène à ce produit qui est la vraie essence de ce cours. C’est montrer le sentier (parfois sinueux) à l’élève, lui transmettre certains savoirs afin qu’ils les fasse siens, lui donner la possibilité de s’exercer, de se tromper, de recommencer et même de s’autoriser à une forme de création.

Les phases pratiques n’ont pas comme vocation de faire des élèves des cuisiniers. Si certains veulent apprendre les métiers « de bouche » , ils le feront dans d’autres circonstances. L’objectif est de transmettre des connaissances à des futurs citoyen•nes, afin qu’ils soient autonomes dans l’acte de faire et de se faire à manger.

Pour en savoir +
Objectifs du Plan d'études romand (PER) mis en action

Capacités transversales engagées dans ce champ didactique:

  • La collaboration
    (prise en compte de l’autre, connaissance de soi, action dans le groupe)
  • La communication
    (codification du langage, analyse des ressources, exploitation des ressources, circulation de l’information
  • Les stratégies d’apprentissage
    (gestion d’une tâche, acquisition de méthodes de travail, choix et pertinence de la méthode, développement d’une méthode heuristique)
  • La pensée créatrice
    (développement de la pensée divergente, reconnaissance de sa part sensible, concrétisation de l’inventivité)
  • La démarche réflexive
    (élaboration d’une opinion personnelle, remise en question et décentration de soi)

Séquences d’enseignement

Objectifs visés

  • Pratiques & techniques culinaires

  • Processus de création

  • Démarche de conception / réalisation

  • Gestion de la matière

  • Mobilisation des sens

Intitulé des cours

  • Connaître et savoir utiliser le bon vocabulaire
  • Connaître et savoir utiliser les bons ustensiles
  • Savoir suivre une recette
  • Connaître et savoir pratiquer les découpes (fruits, légumes, etc.)
  • Connaître et pratiquer les différents types de cuisson
  • Connaître et savoir utiliser les herbes aromatiques,
    épices et condiments à bon escient
  • Connaître les principaux types de viandes et leurs substituts
  • Connaître les principaux poissons du lac ou de mer et les fruits de mer
  • Connaître les principaux types de céréales
  • Connaître les principaux fruits et légumes d’ici
  • Réaliser une recette ou la revisiter: application ou création
  • Le dressage d’une assiette, entre rigueur et création
  • Cuisiner, c’est activer tous ses sens

Quelques moments vécus

N.B. Toutes les photos sont issues de préparations réalisées en classe.

Commencer par quelques bases…
plus difficile qu’il n’y parait pour obtenir
de bonnes 
pâtes «al dente».

Maîtriser les cuissons,
d’un feu vif à un doux mijotage.

Maîtriser les cuissons,
d’un feu vif à un doux mijotage.

Après avoir conçu le dressage, il faut maintenant le réaliser pour le reste de sa classe.

De la concentration et de l’application
mis en action.

Après avoir conçu le dressage, il faut maintenant le réaliser pour le reste de sa classe.

De la concentration et de l’application
mis en action.

La verrine, une fois dressée…
(Mousse d’avocat et crevettes).

Une évaluation portant sur les règles d’hygiène et de sécurité, sur la gestion du temps et sur la justesse des goûts. Malgré le fait que le dressage n’était pas évalué, les élèves ont soigné leur préparation jusqu’au bout.
(Balottines de saumon, lit de courgettes et fondant au chocolat).

Une île flottante, recette complexe
mêlant plusieurs cuissons avec un
dressage gourmand, fait d’amandes
torréfiées et de caramel.

Le dressage d’une assiette est souvent l’occasion pour les élèves d’exercer leur créativité. Celle-ci est d’ailleur fortement influencée par des émissions culinaires.
(Tartare de saumon, mousse d’avocat).

Une préparation mêlant le croquant, le moelleux et le fondant.
Trois sensations essentielles dans l’équilibre d’un plat.
(Saumon en feuille de brick, courgettes, sauce citron).

Introduction aux nouvelles
techniques de cuisson et de dressage.
(Granité de tomates et de basilic présenté dans une verrine avec de la neige carbonique pour l’effet « fumée »).

« Le goût se cultive aussi bien que l’esprit »
(Baltasar Gracian).

Le goût des choses

Le goût ?

Bien sûr, tout le monde le sait, il existe cinq goûts dits primaires. Mais qu’en est-il des arômes, des textures? Comment agit cet ensemble que l’on nomme « flaveur », qui est constitué des sensations olfactives, gustatives et tactiles ressenties lors de la dégustation d’un produit alimentaire?

Comment faire découvrir cet univers de subtilités à des élèves? Comment leur enseigner le fait de goûter, d’analyser, de comprendre, de co-construire l’aptitude à « lire » une flaveur et finalement, de leur transmettre la capacité d’enrichir, de manière autonome, leur bibliothèque gustative?

Et qui dit « goûts », dit « dégoûts ». Pourquoi sommes-nous « équipés » de ces sens?
D’un point de vue physiologique, nous pouvons considérer ces sens comme une protection avant d’avaler l’aliment.

Mais s’il ne s’agissait que de cela, nous n’emploierions pas dans le langage, des expressions telles que: « un tel est une personne de bon goût » ou « il n’a aucun goût ». Et que dire des mets qui chez nous nous dégoûtent mais qui, ailleurs, sont des aliments tout-à-fait ordinaires, comme par exemple les insectes?

On le voit, les notions de goûts ne sont pas uniquement d’ordre physiologique mais également sociétales, issues de cultures différentes, qu’elles soient locales, régionales ou globales. Enseigner le goût des choses, c’est accompagner l’élève dans un champ didactique où il se confronte à ses habitudes alimentaires et préjugés sociaux, où il découvre d’autres aliments et d’autres cultures et où il reconnait ses besoins physiologiques.

Pour en savoir +
  •  Fischler. C. (2001). L’Homnivore. Paris, France : Odile Jacob.
    « 
    Le dégoût est un phénomène qui survient notamment lorsque la nourriture n’est pas « bonne à penser ». Plus précisément : on peut mettre en évidence l’existence d’une opération cognitive qui consiste pour le mangeur à vérifier si l’aliment potentiel colle par rapport aux catégories culturelles et règles culinaires de référence. Lorsque survient un trouble dans ce processus de classification une dissonance déclenche un affect extrêmement violent éventuellement associé à des manifestations physiologiques. On pourrait donc dire, que le dégoût consiste en une protection biologique reconstruite culturellement »
  • Principes de flaveurs
    Désigne l’ensemble des sensations olfactives, gustatives et tactiles ressenties lors de la dégustation d’un produit alimentaire.
  • Piaget J. (Mise à jour: 12 mai 2020). Décentration.
    « La décentration est le mécanisme qui permet au sujet individuel ou collectif d’échapper à toute forme de subjectivité déformante, parce que « égocentrée » ou « sociocentrée », pour atteindre des formes variées d’objectivité dans le rapport au monde ou à autrui. »
  • Rozin & Fallon. (1987). A Perspective on Disgust. Psychological Review. Vol. 94. No. 1.23-41
    « 
    La bouche fonctionne comme un sas, où les aliments sont examinés et analysés avant de passer au stade de la déglutition. Mais ceux-ci ont déjà fait l’objet d’épreuves  préalables de (validation) ».

Objectifs du Plan d'études romand (PER) mis en action

Capacités transversales engagées dans ce champ didactique:

  • La collaboration
    (prise en compte de l’autre, connaissance de soi, action dans le groupe)
  • La communication
    (codification du langage, analyse des ressources, exploitation des ressources, circulation de l’information
  • Les stratégies d’apprentissage
    (gestion d’une tâche, acquisition de méthodes de travail, choix et pertinence de la méthode, développement d’une méthode heuristique)
  • La pensée créatrice
    (développement de la pensée divergente, reconnaissance de sa part sensible, concrétisation de l’inventivité)
  • La démarche réflexive
    (élaboration d’une opinion personnelle, remise en question et décentration de soi)

Séquences d’enseignement

Objectifs visés

  • Développement des perceptions
  • Découverte, ouverture
  • Dégustation critique, entraînement sensitif

Intitulé des cours

  • Exercices pratiques sur les goûts et odeurs
  • Comprendre le fonctionnement biologique des goûts et odeurs
  • Les goûts d’ici et de plus loin

Quelques moments vécus

Goûter et viser l’équilibre des goûts dans une préparation, c’est comme une relecture avant de présenter sa copie.

Bien évidemment
travailler sur les goûts avec du
chocolat, c’est plus attrayant!

Une fondue avec du colorant alimentaire, ou comment déstabiliser le « consommateur » en changeant un marqueur essentiel d’un plat.
Un exercice sur le goût et le dégoût, où quand la nourriture n’est plus bonne « à penser ».

Herbes aromatiques, épices, condiments
Les connaître pour savoir les utiliser.
Une bonne utilisation de ceux-ci permet de réduire la quantité de sel dans la préparation d’un plat.

Mousse de chorizo, olives noires, tomates dans un cornet réalisé en feuille de brick.
Des jeux de textures, de goûts et de couleurs.

Une (belle) introduction aux fruits de mer.
Carpaccio de St-Jacques, vinaigrette aux fruits de la passion.

« Que ton alimentation soit ta première médecine »
(Hippocrate)

La santé,
manger et moi

5 fruits et légumes par jour…

Qui n’a jamais entendu ce slogan?
Preuve en est que depuis longtemps nous considérons qu’une cuisine réfléchie peut-être une forme de médecine préventive.

Mais en parlant de cuisine-santé, de quoi parlons-nous? D’une alimentation diététique? De préceptes d’hygiène? D’aliments de meilleure qualité (et à quelle qualité pouvons nous faire référence)? D’un savoir faire culinaire permettant la conservation des qualités nutritionnelle des aliments?

Comment concilier alimentation-santé avec alimentation-plaisir ou, simplement, prendre le temps de manger? Et, surtout, comment répondre a ces questions sans connaitre un tant soit peu les besoins physiologique de notre organisme?

Sans oublier que nos besoins nutritionels évoluent selon notre âge. Un nourrisson, une femme enceinte, un•e ainé•e ou un•e adolescent•e n’ont pas les mêmes nécessités nutritionnelles.

La santé, manger et moi dans mes cours d’éducation nutritionnelle ne se veut pas une « leçon » dogmatique et moralisatrice. Il s’agit là, de déconstruire un rapport à la nourriture pour reconstruire ensemble une approche centrée sur:

  • les besoins physiologique
  • les notions de plaisir et d’équilibre alimentaire
  • les connaissance des valeurs alimentaires des denrées
  • une introduction sur les notions de pression sociale
  • manger et prendre le temps de manger
Pour en savoir +
Objectifs du Plan d'études romand (PER) mis en action

Capacités transversales engagées dans ce champ didactique:

  • La collaboration
    (prise en compte de l’autre, connaissance de soi, action dans le groupe)
  • La communication
    (codification du langage, analyse des ressources, exploitation des ressources, circulation de l’information
  • Les stratégies d’apprentissage
    (gestion d’une tâche, acquisition de méthodes de travail, choix et pertinence de la méthode, développement d’une méthode heuristique)
  • La pensée créatrice
    (développement de la pensée divergente, reconnaissance de sa part sensible, concrétisation de l’inventivité)
  • La démarche réflexive
    (élaboration d’une opinion personnelle, remise en question et décentration de soi)

Séquences d’enseignement

Objectifs visés

  • Equilibre alimentaire

  • Approche diététique

  • Mobilité activité

Intitulé des cours

  • Les maladies en lien avec l’alimentation

  • Manger malin, manger sain

  • Les sucres

  • Les graisses

  • Le sel

  • Analyse critique de certains régimes alimentaires ou amaigrissants

Quelques moments vécus

Ne pas hésiter à utiliser des goûts, afin de rendre les légumes plus appétissants.

Avec un peu d’efforts sur le dressage, de simples courgettes sont immédiatement plus appétissantes.

Manger des fruits et des légumes signifie également connaître et respecter les saisons. En plus d’être bons pour la santé, ils ont meilleur goût et d’un point-de-vue écologique, ceci est plus respectueux.

Photo: Nica Cn

Apprendre à consommer des fruits et légumes, c’est également apprendre à les acheter.

Photo: Iñigo De la Maza

« La première règle de l’écologie,
c’est que les éléments sont tous liés les uns aux autres.
« 
(Barry Commoner)

Comprendre
«l’aujourd’hui»
pour agir demain

Nous sommes entrés dans l’ère du « hyper »

Hyper-consommation
Hyper-transformation
Hyper-productivité
etc.

Ce préfixe désigne le plus haut degré de quelque chose, il exprime également l’excès. Or il est important de rappeler que s’alimenter aujourd’hui revient, pour la plus grande majorité de la population mondiale, à consommer. Et consommer implique d’engager sa responsabilité de citoyen•ne.

Les modes de production, de transformation (ou d’hyper-transformation), de conservation, de transport, de conditionnement des aliments ont un impact sur notre environnement. Citons Christian Rémésy: « nos régimes alimentaires ont des conséquences négatives sur notre santé et sur celle de la planète » (2016).

Bien se nourrir et préserver la planète
Notre rapport à l’hyper-abondance alimentaire nous fait oublier que nos aïeux avaient faim. Nos hyper-marchés débordent, tandis que la famine fait des ravages dans le monde. Les (hyper) techniques de pêche pratiquées vident les mers et océans pour ne retenir que quelques espèces consommées sous les coups de nos fourchettes. Nous avons oublié que les fruits et légumes ont une saison, que les aliments ont un rythme.

Que la nourriture soit cuisinée ou directement achetée, il est important de pouvoir analyser et évaluer les risques pour soi, pour la société et pour la planète.

Or, si consommer implique d’engager sa responsabilité de citoyen•ne, il est impossible d’être responsable, sans être informé et éduqué à la situation actuelle, à ses conséquences.

Cette thématique est conçue comme une séquence d’enseignement à part entière et de manière transversale aux autres sujets abordés dans mes cours car cette approche de consommateur citoyen responsable me tient particulièrement à coeur.

Pour en savoir +
Objectifs du Plan d'études romand (PER) mis en action

Capacités transversales engagées dans ce champ didactique:

  • La collaboration
    (prise en compte de l’autre, connaissance de soi, action dans le groupe)
  • La communication
    (codification du langage, analyse des ressources, exploitation des ressources, circulation de l’information
  • Les stratégies d’apprentissage
    (gestion d’une tâche, acquisition de méthodes de travail, choix et pertinence de la méthode, développement d’une méthode heuristique)
  • La pensée créatrice
    (développement de la pensée divergente, reconnaissance de sa part sensible, concrétisation de l’inventivité)
  • La démarche réflexive
    (élaboration d’une opinion personnelle, remise en question et décentration de soi)

Séquences d’enseignement

Objectifs visés

  • Consommation et citoyenneté

  • Choix éthiques et responsables

  • Connaissance des produits et labels

  • Respect de l’environnement

Intitulé des cours

  • En cuisine, rien ne se jette
  • Les saisons des produits
  • Gestion des déchets ménagers
  • Les labels
  • Bio ?
  • De la terre au frigo: plusieurs chemins
  • Consommer, c’est être responsable
  • La conservation des aliments
  • La publicité et son discours

Quelques moments vécus

Utiliser des poubelles à compost. Ou comment montrer l’exemple par la pratique.

Avec des vieilles fraises, il est possible de réaliser des coulis succulents et un dessert gourmand.

Qu’elle soit locale, régionale ou globale, il est important de comprendre les enjeux de l’agriculture, afin de saisir certains enjeux de ce début de XXIè siècle. 

Photo: Red Zeppelin

Les marques, les labels, les étiquettes: pas si évident de s’y retrouver!

Photo: Nathalia Rosa

…sans commentaires…

Photo: Zak Noyle

Elle est belle, non?

Photo: nasa.gov

« A chacun le menu de son goût« 
(proverbe africain)

Goûter aux cultures

Manger, c’est partir en voyage sans quitter la table

Déguster une pizza, c’est faire un tour du côté de Naples, manger un steak tartare, c’est chevaucher dans les steps d’Asie centrale…

Mais le voyage n’est pas que dans l’assiette. On le retrouve dans la manière de cuisiner, de manger (doigts, baguettes, fourchette), la forme du repas (à la française ou sur le pouce), le moment et le nombre de repas, etc. Tout ceci est révélateur de cultures.

En tant qu’enseignant d’éducation nutritionnelle, j’ai la chance d’avoir comme élèves des personnes provenant non seulement du monde entier, mais aussi de diverses régions de Suisse. Et quoi de plus stimulant que de pouvoir discuter, échanger et goûter des recettes issues de cultures différentes.

Ces échanges permettent le développement d’une forme d’acculturation et certaines barrières de statut (enseignant/élèves) s’estompent pour faire place à une relation plus basée sur l’échange de points de vue culturels. Chacun parle alors avec son identité et tous, nous nous comprenons.

Pour illustrer ces instants-là, je cite M. Claude Lévi-Strauss qui écrivit: « La cuisine est «un langage dans lequel chaque société code des messages qui lui permettent de signifier au moins une partie de ce qu’elle est» » (1968).

Pour en savoir +

Clanet C. (1990). L’interculturel en éducation et en sciences humaines, Presses universitaires du Mirail, Toulouse.
« Approche interculturelle en 3 étapes
La décentration pour cerner sa propre identité, la pénétration du système de référence de l’Autre, la négociation/médiation »

Poulain, J. (2013). Chapitre 6 – L’espace social alimentaire : un outil pour l’étude des modèles alimentaires. Dans : , J. PoulainSociologies de l’alimentation (pp. 221-244). Paris, France: Presses Universitaires de France.
« L’espace social alimentaire, recouvre l’ensemble des rituels qui entourent l’acte alimentaire au sens strict. La définition du repas, son organisation structurelle, la forme de la journée alimentaire, les modalités de consommation manger à la main, avec des baguettes, au couteau et à la fourchette…), la localisation des prises, les règles de placement des mangeurs… varient d’une culture à l’autre et à l’intérieur d’une même culture, selon les groupes sociaux. »

Poulain, J. (2002). Manger aujourd’hui, Attitudes, normes et pratiques. Paris, France: Editions Pivat
« Derrière ces variations se mettent en scène des valeurs sociales.En mangeant, les mangeurs incorporent simultanément des aliments et les représentations symboliques projetées sur ces derniers et les valeurs mises en scènes par l’organisation du repas. Ce processus est impliqué dans la construction et dans l’entretien des identités sociales. Il permet à la fois l’incorporation dans un espace social et la différenciation avec d’autres groupes sociaux relevant d’une culture différente, ou bien entre des groupes de positions différentes à l’intérieur d’une même culture ».

 

Objectifs du Plan d'études romand (PER) mis en action

Capacités transversales engagées dans ce champ didactique:

  • La collaboration
    (prise en compte de l’autre, connaissance de soi, action dans le groupe)
  • La communication
    (codification du langage, analyse des ressources, exploitation des ressources, circulation de l’information
  • Les stratégies d’apprentissage
    (gestion d’une tâche, acquisition de méthodes de travail, choix et pertinence de la méthode, développement d’une méthode heuristique)
  • La pensée créatrice
    (développement de la pensée divergente, reconnaissance de sa part sensible, concrétisation de l’inventivité)
  • La démarche réflexive
    (élaboration d’une opinion personnelle, remise en question et décentration de soi)

Séquences d’enseignement

Objectifs visés

  • Dimension socio-culturelle du repas

  • Interculturalité et interdisciplinarité

  • « Systèmes culinaires »

Intitulé des cours

  • Différences culturelles et religieuses dans l’alimentation
  • Nos recettes sont celles des autres
  • Retour vers le futur des recettes

Quelques moments vécus

Le kebab, certainement l’un des plats les plus apprécié des adolescents…
…idéal pour entamer le sujet « cultures »

Photo: Syed Hussaini

Des champignons de Paris aux épices d’Orient…
Une belle harmonie de cultures.

Comment ne pas parler ici de la route des épices…
Leur rôle, leur importance, leur histoire…

Photo: Tom Hermans

Le « classique » brochettes de poulet, sauce Satay.

Pas besoin de voyager loin pour trouver une mutitude de goûts. Les fromages en sont un bel exemple.

« Nous ne nous asseyons pas à table pour manger, mais pour manger ensemble« 
(Plutarque)

Partager un repas,
c’est plus
que se nourrir

«Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es» (Brillat-Savarin, 1825).

En sortant l’aliment de terre et en l’élevant jusqu’à la table, l’humain a ajouté une valeur de plus à l’alimentation: il l’a socialisé.

Partager un repas, ce n’est pas uniquement s’alimenter biologiquement. C’est s’alimenter et alimenter les autres de ce que peut représenter la nourriture. 

Les champs d’intervention dans lesquels la nourriture agit socialement sont multiples: la production d’aliments, la commercialisation, la transformation, la mise en valeur, la préparation culinaire, le dressage final dans l’assiette (ou sans assiette…), la table à manger, les souvenirs d’un plat connu et reconnu, la crainte d’un mets mystérieux, la commensalité, des émissions de télévision sur de grands « networks », la lecture d’anciens manuels de cuisine, nos manières de nous tenir à table….

À tel point que nous pourrions analyser une société rien qu’en étudiant son «espace du manger» et analyser un «espace du manger» rien qu’en étudiant une société. Et ceci n’est pas nouveau, Brillat-Savarin le disait déjà en 1825: « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es. »

Plutarque nous dit: « Nous ne nous asseyons pas à table pour manger, mais pour manger ensemble » (s.d.). C’est bien là l’expression que nous sommes à la croisée du social et du biologique.

À l’école, nous cuisinons collectivement et parfois, nous nous asseyons et mangeons ensemble. Rien que ceci représente des apprentissages du «faire ensemble» et du «vivre ensemble». Le respect, la bienveillance, les échanges, l’altérité sont des valeurs qui sont identifiées et travaillées de façon transversale. 

Pour en savoir +
  • Chevrier F. (2011). Notre gastronomie est une culture. Paris, France: François Bourin
    Le 19 novembre 2010, en inscrivant sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité le « repas gastronomique des Français », l’UNESCO rendait hommage à notre gastronomie, qui rejoignait ainsi les grands chefs-d’oeuvre créés par le génie humain. Ce prestigieux résultat fut obtenu au prix d’un combat, dont cet ouvrage retrace les étapes. Faire admettre que « notre gastronomie est une culture » ne fut pas le moindre des obstacles à franchir. Même au pays de Rabelais, où pourtant 95,2% des Français estiment que la gastronomie fait partie de leur patrimoine et de leur identité, il est bien difficile pour les élites en charge de la politique culturelle de prendre en considération cette culture populaire.
  • Fischler C. (2001). L’Homnivore. Paris, France : Odile Jacob.
    « Les aliments sont porteurs de sens, ces sens permettent d’exercer des effets symboliques et réels, individuels et sociaux ».
  • Fumey G. (2009). Atlas mondial des cuisines et gastronomies. Paris, France: Editions Autrement
    Que nous mangions debout dans la rue ou à table avec des convives, nous avons recours à des codes et des références variés, qui constituent une véritable grammaire du monde. Car la ronde des plats et des boissons, la palette des saveurs et des textures résultent d’une longue histoire : conquêtes coloniales, guerres, migrations ont brassé les goûts et ouvert chaque mangeur à l’Autre. En même temps, nos manières de manger changent, car le temps disponible manque, l’éloignement du domicile nous contraint à d’autres expériences. Et surtout, une certaine forme de banalisation fait craindre la disparition de « traditions » qui n’ont jamais paru si nécessaires.
  • Gremaud R. (23.11.2017). «L’alimentation fonde la société, et la transforme». Le Temps
    « Récemment, différents facteurs ont contribué à extraire l’alimentation de cet état d’allant de soi: l’argument santé, le bien-être animal, les enjeux culturels, le respect de la différence, etc. Sur l’alimentation convergent des éléments qui traduisent les mutations des sociétés contemporaines. On peut l’étudier comme lieu de ces mutations. On ferait alors une sociologie par l’alimentation. Mais l’alimentation est aussi un élément qui fonde la société. Et qui la transforme. »
  • Poulain, J. (2013). Chapitre 5 – La sociologie de la gastronomie française. Dans : , J. Poulain, Sociologies de l’alimentation (pp. 201-220). Paris cedex 14, France: Presses Universitaires de France.
    « Distinguons tout d’abord l’alimentation et la gastronomie. La gastronomie est une esthétisation de la cuisine et des manières de table, un détournement hédoniste des buts biologiques de l’alimentation, cette activité très largement encadrée par des règles sociales et à l’exercice de laquelle nous sommes condamnés plusieurs fois par jour. »
Objectifs du Plan d'études romand (PER) mis en action

Capacités transversales engagées dans ce champ didactique:

  • La collaboration
    (prise en compte de l’autre, connaissance de soi, action dans le groupe)
  • La communication
    (codification du langage, analyse des ressources, exploitation des ressources, circulation de l’information
  • Les stratégies d’apprentissage
    (gestion d’une tâche, acquisition de méthodes de travail, choix et pertinence de la méthode, développement d’une méthode heuristique)
  • La pensée créatrice
    (développement de la pensée divergente, reconnaissance de sa part sensible, concrétisation de l’inventivité)
  • La démarche réflexive
    (élaboration d’une opinion personnelle, remise en question et décentration de soi)

Séquences d’enseignement

Objectifs visés

  • Dimension socio-culturelle du repas

  • Interculturalité et interdisciplinarité

  • « Systèmes culinaires »

Intitulé des cours

  • La bienséance, ici et là
  • Introduction à l’évolution des rôles dans la cellule familiale

Quelques moments vécus

Le buffet…
Une convivalité en libre service
(Ce buffet a été réalisé lors des examens de fin de scolarité obligatoire)

Visite au restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier chez le chef Frank Giovannini, qui a eu la gentillesse de nous recevoir et de nous faire partager, le temps d’un instant, son univers.

Une expérience inoubliable: lors d’une semaine spéciale, nous avons organisé un repas réalisé par les élèves et servi à l’école, pour leurs parents. Relier les parents, les élèves, les enseignants et l’école (le lieu) pour un moment récréatif à été un moment riche en partage.

Le travail se finit quand les ménages sont propres et rangés. Mais cela n’empêche pas la bonne humeur.